Les épidémies dans la région

Article paru dans le bulletin municipal de Ploeuc en septembre 2020

La pandémie de Covid 19 n'est pas la première épidémie qu'ait connue notre région. L'équipe de généalogie de Ploeuc, qui a relevé les registres paroissiaux et d'état civil (105 000 actes), a souvent été surprise par le nombre de morts certaines années, des morts dues à des épidémies. La dysenterie a souvent fait des ravages en Bretagne. Moins foudroyante que la peste (qui sévissait régulièrement) elle a causé des pics de mortalité jusqu'à la fin du XIX^ème siècle. Elle était essentiellement dûe à l'absence d'hygiène mais surtout à la mauvaise qualité de l'eau. Et il suffisait d'une instabilité climatique et son corrolaire de mauvaises récoltes pour qu'une épidémie se déclenche.
Notre région a également été traversée par des épidémies de typhus.
A l'automne 1741, la Bretagne est frappée par une pandémie de dysenterie et de typhus. En quelques mois, quatre-vingt mille personnes décèdent de ces maladies, principalement des enfants. Les années 1740 et 1741 furent des années particulièrement rigoureuses avec des hivers très froids et très longs. Ploeuc et les communes environnantes n'ont pas été épargnées. On relève 484 morts en 1741 à Ploeuc, alors que la moyenne est de 150 les autres années, 200 morts à Gausson (moyenne annuelle de 50 à 60 morts), 338 à Plouguenast (moyenne de 60 à 70 morts), Plémy est un peu épargnée avec "seulement "176 morts (moyenne de 70 à 80). A Ploeuc, entre le 20 septembre et le 20 octobre 1741, on enterre jusqu'à 12 personnes par jour. La surmortalité va perdurer jusqu'en 1745.
Roger Toinard dans "Regards sur la région de Ploeuc" évoque également une épidémie de typhoïde dans les années 1772/1773 qui décima près de 600 Ploeucois. Elle fut suivie d'une épidémie de dysenterie en 1779 puis de pneumonie infectieuse dans les années 1782 à 1786.
Plus tôt, en 1631, c’est une épidémie de peste qui ravageait notre région.
On peut lire en en-tête de la page du registre de Ploeuc de cette année-là : Ensuit les noms de ceux qui sont morts en cette paroisse de Ploeuc de la contagion, écrit au rang et à la date de ceux-là, ...lesquels défunts ont tous été inhumés au cimetière de cette église de Ploeuc et trèves.
Suivent plus de 70 noms, peu de précisions, le nom, le prénom, la date de décès. Pour les enfants, on indique juste  ….  un enfant à.. (Pierre Quémard)….
A Plouguenast, on ose écrire le nom de la maladie : "morts de la peste" en marge d'une liste de 60 noms...

En 1693, à Gausson, on dénombre 48 décès en un mois (entre le 8 octobre et le 7 novembre).Ce sont presque tous des enfants. Le 27 octobre, on enterre neuf morts (ils sont tous inscrits dans un seul acte), les jours suivants, ce sont deux à trois corps qu’on emmène quotidiennement au cimetière. S'agissait-il d'une épidémie ou d'une famine ? Le prêtre n'indique pas la cause des décès. L’été 1693 a été très pluvieux. Le site " http://angeneasn.free.fr/epidemies.htm " avance le chiffre d'1,4 millions de morts cette année-là, en France .(actuellement une moyenne d'environ 500 000 décès par an) => article paru en 2013 cliquez ici

Rien d'étonnant à ce que le Maire de Gausson écrive, en 1792, dans une enquête sur les causes de la misère : « Il faut remarquer que les épidémies font de terribles ravages à Gausson quand, par malheur, elles arrivent »