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Voix de Gausson : 24 janvier 1914

Publié le 26 Décembre 2014 par Michèle Harzo

Suite de la lettre du Colonial

Voici donc notre petite aventure. Nous nous étions couchés vers 7 heures du soir, le temps était superbe dehors. La lune éclairait – mélancoliquement car rien n’est absolument gai par ici – les bois et la vallée devant notre cahute iroquoise. Il devait faire beau toute la nuit.

Oui ! crac ! trois heures après, quelqu’un se réveille avec l’impression qu’il se passait en lui, sur lui ou autour de lui, quelque chose d’insolite. Je crois bien que quand il voulut remuer la tête pour se rendre compte, il reçut d’enfilade une véritable mitraille de gouttelettes d’eau sur le front, les yeux, la bouche. Il n’avait pour se laver qu’à passer la main sur la face et la frotter, la douche était gratuite. Il n’en avait pas besoin, ni nous non plus. Il se mit à maugréer, nous étions nous aussi déjà réveillés. Nous murmurâmes sur la pluie et ses funestes effets. Il fallait cependant trouver une solution. C’est là que chacun déploya son imagination. Du reste, l’on passa vite de l’indignation au rire. L’un chantait, l’autre plaisantait, tandis qu’un troisième se retournait en grommelant sur sa paille déjà humide. Puis on se mit au travail pour se protéger. Pour moi, je me blottis dans un petit coin et je m’adjugeai un vieux parapluie pour me garantir contre un ruisseau d’eau qui coulait par un trou du plafond. Je me recroquevillai là-dessous et …. Ma foi, je dormis bien. Mes camarades s’emparèrent, les uns d’un morceau de toile cirée arrachée je ne sais où, les autres d’un brancard d’ambulance, pendant qu’un dernier s’enfouissait davantage dans son fumier, pour le sécher probablement.

C’en fut une séance !

Heureusement que pareille aventure n’arrive qu’une fois en passant. D’ailleurs, je ne pense pas que cela se renouvelle ici en tout cas, car l’offensive générale est entamée. Le canon tonne à droite et à gauche, à gauche surtout. Nous avançons paraît-il, dans cette direction.

Par ici, rien de nouveau dans la situation. Peut-être allons-nous avancer. Nous attendons les ordres. A la grâce de Dieu et vive notre belle patrie. Mais je me demande ce que notre avance va nous coûter. Cela vaudra aussi bien que de rester sur place. Tous nos soldats ici ne demandent qu’à marcher. Dimanche dernier, à notre bataillon, nous avons eu une messe chantée. Cela se passait en plein bois. La cérémonie était d’autant plus impressionnante que c’était le premier jour de l’offensive générale et que le canon tonnait éperdument au loin. Tous, nous avions bon espoir dans la victoire française et aussi un peu dans la paix prochaine

P.Pc, infanterie coloniale

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