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Découvrez le livre qui relate l'histoire de la commune de Gausson (22).

Démission de François Laurent

Publié le 28 Juillet 2014 par Michèle Harzo

Démission de François Laurent

François (Ambroise) Laurent fut maire de 1908 à 1940.

Comme on a pu le voir dans le compte-rendu des élections municipales, la lutte a été chaude pour conserver la mairie durant toutes ces années. (Voir les élections de 1910, 1925, 1929 et 1935).

Il démissionne en 1940 pour raisons de santé. Selon sa famille, il semble qu’il ait utilisé ce prétexte pour éviter d’avoir la lourde charge de faire les réquisitions décidées par les Allemands.
J’ai eu l’occasion de bavarder avec Mme Leray du Breil. Soixante-dix après, c’est encore avec beaucoup d’émotion qu’elle m’a décrit le jour où l’on est venu réquisitionner leur cheval.

On imagine le désarroi de ces agriculteurs qu’on privait d’une aide aussi précieuse…..et le dilemme pour les Maires qui devaient appliquer des ordres qu’ils réprouvaient.

Voilà sa lettre :

Gausson, le 12 janvier 1940.
Monsieur le Préfet,
J’ai l’honneur de vous exposer que, par suite de surmenage au début de la guerre, j’ai fait une grave maladie qui m’a privé de la vision de l’œil droit, et l’autre étant très affaibli, je ne peux presque plus lire et écrire même avec de bonnes lunettes. Depuis, je souffre continuellement de maux de tête et n’ai plus de mémoire. Je ne peux plus reposer la nuit. Ancien combattant de la guerre 14-18, j’ai fait plus de 4 ans de captivité ce qui avait déjà altéré ma santé, je suis atteint de sciatique depuis plusieurs années et marche de plus en plus difficilement. Malgré l’avis du docteur qui m’a soigné, et qui me conseillait de démissionner, je suis malgré cela resté à mon poste jusqu’à ce jour mais par suite de surmenage continuel, des démarches incessantes dons je suis l’objet et des tracasseries de plus en plus nombreuses, je n’en peux plus et suis incapable d’assumer la responsabilité des fonctions que j’exerce depuis plus de 32 ans.
Etant aussi d’une situation très modeste vivant d’une petite exploitation agricole (4 hectares de terre dont je loue plus de la moitié) je n’ai pas d’économie et suis encore obligé de travailler, malgré mes 60 ans, pour assurer ma subsistance. J’habite à 2km500 du Bourg, ce qui a été pour moi très gênant et l’est plus que jamais vu mon état de santé.
J’ose espérer, Monsieur le Préfet, que vous comprendrez ma pénible situation et que vous voudrez bien accepter ma démission de maire et de conseiller municipal de la commune de Gausson que je vous adresse avec instance par la présente lettre étant dans l’incapacité absolue de continuer à exercer ces fonctions qui sont de plus en plus absorbantes et qui pourraient amener de graves inconvénients dans les affaires et la marche du service, si j’étais obligé de continuer.
Ma décision étant irrévocable, vu mon incapacité, j’ose espérer, Monsieur le Préfet, que vous voudrez bien accueillir favorablement ma requête.
Je vous en remercie à l’avance et vous prie d’agréer l’hommag
e de mon profond respect

Votre bien dévoué François Laurent, maire de Gausson démissionnaire
Ci-joint un certificat du docteur Lormais qui m’avait soigné lors de ma maladie qui m’a valu la perte de la vision de mon œil droit et l’affaiblissement de ma vue et des maux de tête continue
ls.

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Journées du patrimoine

Publié le 20 Juillet 2014 par Michèle Harzo

Journées du patrimoine

Nous avons décidé d'ouvrir la "Chapelle Saint Nicolas" pour les journées du patrimoine , les 20 et 21 septembre 2014 (10h/18h). Vous pourrez y découvrir un vitrail représentant Péronnelle de Ploeuc, épouse de René de Boisboissel, dame et seigneur de Kercarantel,, une sablière sculptée, des statues du 17ème siècle : St Nicolas et Ste Blanche, et d'autres statues anciennes....

Pour s'y rendre, il faut prendre la route dite "de la Chapelle" qui démarre sur la place du bourg,, elle descend à droite en longeant l'ancien presbytère. La Chapelle se situe à environ 1km du bourg.

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1902-1908 : Mathurin Le Helloco, maire

Publié le 13 Juillet 2014 par Michèle Harzo

1902-1908 : Mathurin Le Helloco, maire

Après le décès de François-Marie Laurent en 1902, Mathurin Le Helloco est élu maire.

En 1904. Il est réélu brillamment. Ange David est son adjoint.
Joseph Lesturgeon dépose une réclamation contre l’élection de Louis Gicquel, Alexandre Dubos, Mathurin Georgelin et Henri Grosset. Il les accuse de « corruption et d’intimidation des électeurs ». Cette réclamation est rejetée par manque de preuves.

En 1908, bien qu’ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages, Mathurin Le Helloco cède sa place à François-Ambroise Laurent (fils de François Marie).

Ce dernier exercera ses fonctions jusqu’en 1941.

1902-1908 : Mathurin Le Helloco, maire
1902-1908 : Mathurin Le Helloco, maire
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Je jure fidélité au Roi...

Publié le 6 Juillet 2014 par Michèle Harzo

Je jure fidélité au Roi...

Jusqu’en 1871, les maires étaient nommés par le Préfet. Ils étaient choisis selon leur fortune et leur notoriété. On le voit dans cette lettre du sous-préfet (1808) qui propose la personne de Louis Dubos pour succéder à Jean Baptiste Catho, décédé.

(….) Je vous désigne à cet effet, le sieur Louis Dubos de la Ville es Maîtres, cultivateur, sur le compte duquel j’ai reçu des rapports avantageux, il est marié, a 3 enfants, environ 500 francs de rente et jouit de la considération publique.

La nomination était l’occasion d’une cérémonie où chacun jurait « fidélité » au Roi … ou à l’Empereur.
Ce jour, 8 décembre 1821, nous, Louis Dubos, maire de la commune de Gausson, canton de Plouguenast, arrondissement de Loudéac, département des Côtes du Nord,

Certifions et rapportons, qu’ayant vu l’arrêté de Monsieur le Préfet, en date du 12 novembre dernier, par laquelle il a nommé les sieurs Mathurin Marjot, Pierre Duval et Jacques Gloux pour remplir les fonctions de conseillers municipaux pour la commune de Gausson.
à savoir que sieur Mathurin Marjot, cultivateur, est nommé pour remplacer le sieur Joseph Le Helloco, décédé, le sieur Pierre Duval, horloger, en remplacement du sieur Pierre Le Normand, décédé, et le sieur Jacques Gloux, meunier, en remplacement de Pierre Georgelin, actuellement adjoint. (…)
Ils nous ont déclaré accepter ces fonctions, et ont prononcé en cet endroit, le serment suivant :
Je jure fidélité au Roi Louis XVIII et fidélité et obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du roy
aume

Signé : Louis Dubos, Jacques Gloux, Mathurin Marjot et Pierre Duval

Les conseillers sont plus nombreux en 1867 et le serment légèrement différent:

Le conseil municipal de la commune de Gausson, réuni en séance ordinaire sur la convocation et sous la présidence de l’adjoint
étaient présents : M.M. Julien Beurel, adjoint, Mathurin Marjot, Louis Moisan, Louis Rault, Julien Nais, Joseph le Boulanger, Jean Baptiste Carro, Pierre Beurel, François Robert, Pierre Le Helloco, Charles Georgelin et Mathurin Rault, était absent : Jean Grosset. (…)
L’adjoint a ensuite donné lecture d’une lettre en date du 2 de ce mois, par laquelle M. le Sous-Préfet invite M. Rault Mathurin, appelé aux fonctions de Maire de la commune de Gausson, en remplacement de M. Doré-Gaubichaye, démissionnaire, par un arrêté de Monsieur le Préfet du 30 avril dernier, à prêter le serment prescrit par l’article de la Constitution
En cette qualité, Mr Rault s’est levé et a prononcé le serment suiv
ant :

« Je jure obéissance à la constitution et fidélité à l’Empereur »

Mr l’adjoint a alors déclaré que le nouveau Maire était installé et entrait dès ce moment dans l’exercice de ses fonctions.

Je jure fidélité au Roi...
Je jure fidélité au Roi...
Je jure fidélité au Roi...
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Election municipale de 1896

Publié le 29 Juin 2014 par Michèle Harzo

Election municipale de 1896

En 1896, 15 conseillers sont élus dès le premier tour :

François Laurent 255 voix
Pierre Corlay : 238
Mathurin Le Helloco : 234
Jean Baptiste Rault : 231
Joseph Lesturgeon : 231
Ange Davis : 229
Pierre Moulin : 228
Henri Grosset : 226
Pierre Raulic : 218
Pierre Gicquel : 217
Guillaume Nais : 196
Pierre Leray : 195
François Coeuret : 195
Pierre Eveillard : 194
Joseph Moisan : 187

Au deuxième tour, 2 candidats sont en lice pour un siège : Henri Carro, (fils de Ludovic Carro), commerçant et Pierre Roullé, cultivateur-propriétaire. Le premier est élu avec 188 voix contre 114 au second.
Mais l'élection d' Henri Carro est invalidée le 8 juin 1896 car il occupe la place de secrétaire de mairie et est rétribué par la commune. ( ce qui est interdit par la loi du 5 avril 1884)

Le Préfet demande donc qu'une nouvelle élection soit organisée le 2 août 1896. Henri Carro a sans doute dû démissionner de son poste de secrétaire de mairie puisqu'il est élu avec 243 voix.

François Laurent est réélu maire avec 16 voix sur 16.

Election municipale de 1896Election municipale de 1896
Election municipale de 1896
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Affaire Ludovic Carro / 8 : épilogue

Publié le 21 Juin 2014 par Michèle Harzo

Affaire Ludovic Carro / 8 : épilogue

Le 5 juin 1892, de nouvelles élections sont organisées.

On imagine le mécontentement dans la commune. Alors que le nombre d’électeurs est sensiblement le même (366, contre 373), les 4 élus arrivés en tête (Alexandre Dubos, Joseph Grosset, François Laurent, Tite Lucas), perdent près de 100 voix. Les autres se maintiennent et Pierre Grosset remplace Pierre Auffret, contesté.

et … Ludovic Carro est réélu maire de Gausson, le 19 juin 1892, avec 14 voix sur 14 (2 absents excusés)

Le 27 juin 1892, un recours est étudié en Conseil de Préfecture :

Vu en date du 8 juin 1892, la protestation de Jollives, David, Raulic, Rault et Auffret contre les élections municipales qui ont eu lieu le 5 juin dans la commune de Gausson et exposant les faits suivants :
1°) M. Carro aurait exercé une pression sur les électeurs pendant la période électorale et surtout le jour du vote.
2°) M Marjot faisant fonction d’officier d’état civil s’est laissé imprimer sur la liste de l’ancien maire Carro, bien que n’ayant point démissionné.
3°) Le sieur Carro aurait donné de l’argent dans différentes maisons et promis des vêtements à certains électeurs.
4°) Enfin, le fils Carro, soldat en activité de service en garnison à St Brieuc est venu le jour de l’élection soutenir la candidature de s
on père

Vu en date du 17 juin 1892, la contre-protestation des conseillers municipaux opposant à toutes les allégations de la protestation un élément formel.

Article 1 : les protestations des sieurs Jollives et consorts sont rejetées

Article 2 : le présent arrêté sera notifié au maire de Gausson et au sieur Jollives, premier signataire de la contestation.

Pourtant, le 28 juillet 1892, Ludovic Carro passe devant le tribunal correctionnel de Loudéac (l’acte ne figure pas dans le dossier !) (4U22-77)

Le 12 août 1892, la sanction tombe.

Le Préfet des Côtes du Nord….
Vu le jugement en date du 28 juillet dernier, par lequel le tribunal de police correctionnel de Loudéac a condamné M. Carro Louis Ludovic à 8 jours de prison, à 500F d’amende et au maximum de la contrainte par corps, pour fraude électorale dont il s’est rendu coupable le 1er mai 1892 au cours des opérations de dépouillement du scrutin des élections municipales
arrête : M. Carro Louis Ludovic, maire de Gausson, est suspendu de ses fonctions
.

François Laurent est élu le 11 septembre 1892.

A noter : une erreur sur l’acte de révocation : Ludovic Carro ne se prénommait pas Louis Ludovic mais Pierre Ludovic….Il décédera le 14/2/1895 à l’âge de 56 ans.

Affaire Ludovic Carro / 8 : épilogue
révocation de Ludovic Carro

révocation de Ludovic Carro

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Affaire Ludovic Carro /7 : élection municipale du 1er mai 1892

Publié le 13 Juin 2014 par Michèle Harzo

Affaire Ludovic Carro /7 : élection municipale du 1er mai 1892

...A cette époque, le conseil municipal compte 16 membres, il est élu pour 4 ans. L’élection de 1892 a lieu le 1er et le 8 mai.

27 candidats sont en lice. 16 obtiennent la majorité absolue. Ils sont donc élus dès le premier tour.

Mais une contestation s’élève : Les 2 frères Auffret obtiennent un nombre de suffrages suffisant pour être élus. Le bureau de vote, (sans doute poussé par les personnes assistant au dépouillement) décide que Pierre Auffret ne peut être élu puisque son frère François a obtenu plus de suffrages que lui. Ce fait est noté dans les « observations et réclamations » du procès-verbal de l’élection.

Cet avis est contesté par le conseil de Préfecture qui annote le bordereau d’un : « le bureau n’est pas juge des questions de parenté ». Il valide l’élection, la liste des membres du Conseil municipal est inscrite sur le livre de la Préfecture (archives 22 : 3M215).

(précision : Dans les communes de plus de 500 habitants, le nombre des ascendants et descendants, frères et sœurs, qui peuvent être simultanément membres du même conseil municipal, est limité à 2.)

Coup de colère au sein du conseil municipal.

Le 13 mai 1892, tous les conseillers municipaux (sauf Gilbert Marjot ) font parvenir leur démission au Sous- Préfet. Celui-ci envoie un télégramme au Préfet en précisant : « Prière de bien vouloir accepter d’urgence ».

Le 5 juin 1892, de nouvelles élections sont organisées.

élection municipale du 1er mai 1892
élection municipale du 1er mai 1892élection municipale du 1er mai 1892

élection municipale du 1er mai 1892

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Affaire Ludovic Carro / 6 : nouvelle élection (1887)

Publié le 2 Juin 2014 par Michèle Harzo

Affaire Ludovic Carro / 6 : nouvelle élection (1887)

La démission de Ludovic Carro est aussitôt acceptée par le sous-préfet qui écrit :

Je viens de recevoir et je m’empresse de vous adresser la lettre par laquelle, M. Carro renouvelle sa démission de Maire de la commune de Gausson.
Après les renseignements verbaux que vous avez bien voulu me donner, je pense qu’il y a lieu d’accepter sans retard cette démission qui venant après la suspension de M.Carro, produira un effet salutaire dans la commune.
Veuillez agrée
r…..

De nouvelles élections municipales sont donc organisées le 26 juin 1887.

Gilbert Marjot arrive en tête et Ludovic Carro arrive en 8ème position.

Il est pourtant réélu maire, par 11 voix sur 15 face à Jean Baptiste Rault qui, on s’en souvient, avait démissionné en 1879 après 6 mois de mandat….

En 1888, c’est par 14 voix ( et une abstention) qu’il est brillamment réélu !

Mais Ludovic Carro est désormais surveillé par la Préfecture. Le couperet va tomber en 1892.

résultats des élections municipales de 1888

résultats des élections municipales de 1888

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1887 : Suspendu pour un mois, Ludovic Carro démissionne

Publié le 26 Mai 2014 par Michèle Harzo

1887 : Suspendu pour un mois, Ludovic Carro démissionne

Ministère de l’Intérieur et des cultes

Paris, le 14 avril 1887

Monsieur le Préfet,

J’ai pris connaissance de votre rapport du 5 avril courant et je vous autorise à prononcer pour un mois, la suspension du maire de Gausson.

J’estime que cette mesure constituera une répression suffisante et qu’en présence de l’ordonnance de non-lieu rendue par le Juge d’instruction, il serait excessif de provoquer la révocation de M. Carro.

Lorsque la suspension sera un fait accompli, vous aurez soin de m’en aviser en m’indiquant la date que portera votre arrêté.

Recevez, Monsieur le Préfet, l’assurance de ma considération la plus distinguée.

Pour le Président du Conseil, Ministre de l’Intérieur et des Cultes
le Directeur du Personnel et du Secrétari
at

Le 3 mai 1887, la notification est faite par François Antoine Grégori, brigadier de gendarmerie à la résidence du Pontgamp.

Le 8 mai 1887, Ludovic Carro envoie sa démission au Sous- Préfet de Loudéac.

1887 : Suspendu pour un mois, Ludovic Carro démissionne
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Affaire Ludovic Carro /4 : le sous-préfet insiste

Publié le 17 Mai 2014 par Michèle Harzo

Affaire Ludovic Carro /4 : le sous-préfet insiste

Le 28 mars 1887

Je m’empresse de répondre aux observations que vous m’avez fait l’honneur de me transmettre par votre lettre du 22 de ce mois, relative à M. Carro, Maire de Gausson.
Le réquisitoire de M. le Procureur de la République ne conclut à un non-lieu qu’en présence de l’insuffisance de la preuve du profit directement et définitivement tiré par M. Carro. En voici la teneur
:

Le Procureur de la République,

-attendu qu’il résulte de l’information qu’à l’occasion de la répartition des indemnités destinées à dédommager les agriculteurs de la commune de Gausson dont les récoltes avaient été gelées, Carro, en agissant comme Maire de cette commune a détourné de leur destination réelle le montant de mandats dressés au nom et au profit de divers agriculteurs pour les attribuer arbitrairement à d’autres, sans doute aussi pour en profiter lui-même,
- qu’il a notamment dans ce but fait signer faussement par son fils un mandat au nom de Grosset, mandat qu’il a ensuite présenté à la caisse du percepteur, mais qu’en présence de Grosset (déclarations inspirées par une complaisance manifeste) et de la preuve insuffisante du profit directement et définitivement tiré par Carro de ces détournements, les crimes ainsi relevés contre lui et contre son fils ne sont pas suffisamment caractérisés
-dire qu’il n’y a pas lieu en l’état de suivre contre les inculpés et ordonner le dépôt, au greffe, des pièces de la procédure
signé :
Samson

Ces conclusions et l’ordonnance de non-lieu qui les a suivies n’ont été motivées que par la crainte que le renvoi, devant la haute juridiction de la Cour d’Assises pour une somme peu élevée, fût de nature à impressionner le Jury qui, ne voyant aucun avantage pécuniaire des détournements commis par le Maire de Gausson, écarterait la culpabilité, à raison de la gravité de la peine qu’elle entraînerait.

Mais ce désistement de l’autorité judiciaire ne paraît pas dans les circonstances de l’affaire de nature à entraîner celui de l’autorité administrative. Celle-ci se trouve en présence d’un Maire hostile, prévaricateur, qui ne conteste pas les actes qui lui sont reprochés, qui les avoue entièrement.
Il les apprécie si bien que, comme j’ai eu l’honneur de vous l’écrire, il m’a demandé au cours de l’instruction judiciaire, que l’administration arrêtât les informations et qu’elle le révoquât. Il se serait alors estimé heureux d’être quitte à ce prix.
Ces actes constituent un dol envers l’Etat et leur importance s’accroit de ce que leur auteur est Maire depuis 7 ans ; qu’en d’autres circonstances, souvent pour des puérilités, il a demandé et reçu les renseignements et les conseils de l’administration. Il était naturel qu’il les demandât pour les mandats de seco
urs.

S’il ne l’a pas fait c’est, à mon avis, après réflexion, afin de disposer librement de sommes qui favoriseraient les administrés de son choix, et de se créer, avec les fonds du Gouvernement, un regain d’une popularité très ébranlée.
M. Carro a été arbitraire, mauvais administrateur et il a abusé de la générosité du Gouvernement pour les cultivateurs éprouvés.
Une simple démission même exigée, ne semble pas suffisante pour réparer ces fautes très graves, et la révocation sera bien justif
iée.

Rapprochée de celle prononcée contre le Maire concussionnaire de Laurenan, elle retiendrait dans leurs agissements illégaux ou irréguliers, elle mettrait en garde contre une semblable mesure, certains Maires, malheureusement assez nombreux, dont la fonction est moins gratuite pour leur commune et leurs administrés que ne l’exige la loi. Elle ferait comprendre que le Maire n’est ni agent salarié, ni agent d’affaires, ni commerçant.
En politique, M. Carro a toujours été l’ennemi du Gouvernement Républicain qu’il a combattu chaque fois que l’occasion s’est présentée. Ses attaques, pour être dissimulées, n’ont pas moins été effectives. Sa duplicité s’est souvent manifestée, notamment dans l’élection législative de 1881. Après s’être engagé à soutenir la candidature républicaine, M de Janzé, il offrit ses services au candidat monarchique, M. Boscher Delangle qui le récompensa d’une somme importante.
Il est peu estimé au point de vue politique et ne jouit de la confiance d’aucun parti.
Nos amis, M. M. Morhéry et Le Garff, que j’ai consultés, sont d’avis qu’on ne doit pas se contenter d’exiger la démission de M. Carro. Ils s’accordent à penser que sa révocation est nécessaire et qu’elle serait bien accueillie par l’opinion publique qui la regarde comme largement méritée et qui l’attend comme la juste répression des fautes de ce fonction
naire.

Veuillez agréer……

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