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La Voix de Gausson : 15 novembre 1914

Publié le 25 Novembre 2014 par Michèle Harzo

La Voix de Gausson : 15 novembre 1914

Régulièrement, le recteur de Gausson reproduisait dans le bulletin paroissial, la « Voix de Gausson », les lettres que les soldats envoyaient à leur famille. Ils y décrivent leur vie sur le front.

La plupart ne sont pas signées (on ne voit qu’une initiale), certaines ont été écrites par Jean Nivet, vicaire de Gausson.

Elles sont toutes des témoignages de la dure réalité de la guerre.

Voici la première, parue le 15 novembre 1914 :

C’est de mon « terrier » que je vous envoie ce petit mot. Dimanche, jour de la Toussaint, j’ai eu pour la première fois depuis mon arrivée ici, le bonheur d’assister à la messe. Pendant tout le mois d’octobre, j’en ai été privé. Ce jour-là, vers une heure de l’après-midi, nous sommes partis, chargés comme des mulets. Nous avons passé une partie de la nuit dans un verger, sous les pommiers. Le matin, vers deux heures, nous nous sommes dirigés vers les tranchées. C’est là que je me trouve au moment où je vous écris, assis sur un peu de paille humide. Le canon allemand lance ses obus par-dessus nos têtes, on les entend passer en sifflant. Ils vont s’abattre sur le village voisin. Ce village est complètement en ruines. On ne voit plus que des maisons désertes, découvertes. L’église n’est pas épargnée, la toiture est trouée et l’un des contreforts du clocher est percé de deux obus, si bien qu’en ce moment, le pauvre clocher menace de s’effondrer. Autour du village, les arbres sont, les uns déracinés, les autres broyés. On voit des trous affreux creusés dans le sol, des trous faits par les « marmites » prussiennes. Ils sont si vastes qu’on pourrait y enterrer les cadavres de plusieurs chevaux. Dans ces conditions, vous imaginez le carnage que font de pareils obus quand ils tombent sur une section d’hommes. Je vous parle des canons allemands mais n’allez pas croire que les nôtres restent muets : non, ils « crachent » bien et je pense que les Boches ne sont pas en sûreté dans leurs trous, loin de là. Quand il leur arrive 5, 6, 7 ou 8 obus sur leurs tranchées, ils ne doivent pas sourire. Je m’imagine qu’ils aimeraient mieux être ailleurs que de se trouver en pareille posture…
jusqu’ici, il n’est tombé sur nos « terriers » aucun obus ennemi. Quant aux fusils boches, ils travaillent eux aussi. De temps en temps, ils envoient quelques « sifflantes ». On baisse instinctivement la tête, elles passent et c’est tout…

Un autre soldat écrit :
Nous sommes terrés comme des lapins depuis un mois et demi. Dans les moments libres, on lit et on fume. On est à 1m50 sous terre, un parapet de 60cm nous protège du côté de l’ennemi. Les tranchées sont couvertes de feuillages et de paille, le tout recouvert de terre. Il n’y fait pas froid, mais on s’y ennuie.

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