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Voix de Gausson : 10 octobre 1915

Publié le 29 Mars 2015 par Michèle Harzo

Comment on creuse une mine

Dans les documents officiels, on parle souvent des mines que l’on fait sauter sous les tranchées ennemies. Un sergent de génie a écrit à ce sujet des détails très intéressants.

Etant mineur de première classe, mon capitaine m’a confié la direction de travaux très délicats et peu faciles à faire dans un terrain bouleversé par les obus. Deux de mes galeries ont déjà 12 mètres de long et c’est justement de l’une d’elles que je vous écris ces lignes, à la lueur d’une bougie, assis sur une planche, tout en surveillant le travail des hommes. Ce travail est pénible, je vous assure. Il s’agit de creuser une galerie de 1m50 de haut sur 1 mètre de large. Au fur et à mesure que l’on avance, de mètre en mètre, on place des cadres en bois dur et, entre les parois et les cadres, on boise la galerie avec des planches dites de coffrage. Le dessus de la galerie est boisé avec des planches plus fortes, appelées planches du ciel, que l’on pousse au fur et à mesure jusqu’à ce que l’on ait fait un mètre et que l’on place un nouveau cadre. Il faut travailler penché. Plus l’on s’enfonce, plus il fait chaud, aussi, les mineurs mettent-ils à bas la capote et la veste. Pour évacuer la terre, on se sert de paniers. L’entrée de la galerie est un escalier, ce qui rend impossible l’emploi d’un chariot de mine. Le travail est donc, comme vous pouvez en juger, extrêmement pénible. Malgré tout, on avance chaque jour de deux mètres. De plus, comme il faut s’enfoncer assez profondément en terre pour arriver à environ 6 mètres en-dessous de la tranchée allemande, on donne une inclinaison de 0,20 m par mètre à la galerie. C'est-à-dire que chaque cadre se trouve placé 0,20m plus bas que le précédent. Le mineur travaille 6 heures, sans autre arrêt que 5 minutes toutes les heures pour écouter si l’on n’entend pas les Boches arriver. Ces écoutes consistent à fermer hermétiquement l’entrée de la galerie, puis, tout au fond, on se couche sur une planche, l’oreille collée contre le sol et la tête recouverte d’une toile, on entend très bien travailler à 10 mètres de soi…

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