Pour sauver la famille Rubin, Alexandre Dubos a enfreint deux fois la loi.
Tout d’abord, en ignorant la loi du 27 juin 1941 sur le recensement des juifs :
Ce jour-là, le Préfet des Côtes du Nord envoie une circulaire à tous les Maires du département. Ils doivent demander aux personnes juives résidant sur leur territoire de remplir un questionnaire avant le 19 juillet 1941. Outre leur identité, elles doivent mentionner tous les biens en leur possession : immeubles, terrains, espèces, titres, rentes… Les commerçants doivent indiquer leur chiffre d’affaire, la valeur de leur stock, leurs revenus…
Toute infraction à cette loi est punie d’une peine de prison d’un mois à un an de prison et de 100 à 10 000 francs d’amende, sans préjudice (indépendemment) du droit pour le préfet de prononcer l’internement dans un camp spécial, même si l’intéressé est Français. (voir l’article 2)
C’est peut-être cette circulaire qui a poussé Alexandre Dubos à remplir les faux-papiers de Fanny Rubin, en la prénommant Fernande, née à Bayeux. La carte est datée du 19 juillet 1941 !
Il risquait gros, car on peut voir par ailleurs, que les autorités étaient très réticentes devant les documents établis récemment. (notamment dans l’octroi des aides).
Mais, en 1940-1941, il y a eu plus de 14 000 réfugiés dans les Côtes du Nord, venant essentiellement du Nord de la France. On pouvait prétendre avoir perdu ses papiers pendant l'exode.... Cela a sans doute permis de passer plus facilement inaperçu.